Nous les Kurdes nous n’allons pas renoncer à la démocratie et nous allons décider dignement et démocratiquement notre avenir dans l’Iraq kurde le 25 septembre de cette année.

Référendum – mot du latin « referendus » signifie « chose (affaire) de laquelle doivent et devraient décider les citoyens concernés ». Un référendum est donc l’instrument le plus précieux de la démocratie quand le peuple décide seul et par lui-même.

Les Kurdes, l’un de rares peuples endémiques de la région (donc étant sur la terre de leurs ancêtres depuis la préhistoire, sur une de rares îles de la démocratie entourés de l’océan de la barbarie) souhaitent utiliser cet instrument démocratique pour décider de leur futur et de leur indépendance dans l’Iraq.

Les Kurdes iraquiens et leur dirigeant pourraient aussi ignorer un « inutile » référendum et simplement proclamer l’indépendance des Kurdes de l’Iraq. Ils ont suffisamment de moyens et de puissance militaire et ce ne serait pas un cas rare dans une région où règne partout le totalitarisme.

Pourtant les Kurdes iraquiens ont lutté à partir d’août 2014 et continuent à lutter contre les monstres de l’Etat Islamique comme la seule force effective et parfois pratiquement à mains nues. Ils luttent pas seulement pour eux mêmes mais aussi pour toute notre civilisation et sont devenus le centre de l’attention du monde et de ses politiciens. Il n’y a peut être pas un politicien remarquable de l’Europe ou des USA qui n’a pas visité le Kurdistan iraquien ou syrien pour se faire remarquer.

Des fonctionnaires de l’ONU et de l’UNHCR à la ministre de la défense allemande, cette dernière s’y rendant comme si elle était à la maison, ils étaient tous reçus par les Kurdes comme seuls les kurdes savent recevoir et avec une cordialité inhabituelle que les politiciens européens ne connaissent plus.

Tous vraiment tous, y compris le ministre tchèque des affaires étrangères Lubomir Zaoralek qui a aussi visité le Kurdistan iraquien, ont fait des éloges du courage de Kurdes dans la lutte contre Daesh et ont exprimé publiquement autant que possible leur solidarité avec les Kurdes. Pendant toute la durée de cette guerre monstrueuse les Kurdes avaient les portes ouvertes chez tous les présidents, les premiers ministres etc. y compris le président tchèque Milos Zeman.

Finalement les Kurdes ont vaincu Daesh même sans une aide significative du monde dit civilisé et maintenant ils veulent décider de leur avenir de façon démocratique par un référendum !

 

 
 

 

Et à partir de là c’est « le silence » !

Nous n’entendons plus de cris de solidarité et cohésion avec les Kurdes clamés avant haut et fort par les politiciens européens ou américains. Du coup le Kurdistan n’est plus pour eux une destination intéressante ! Pourquoi ? Simplement parce que les Kurdes veulent leur référendum ! Pourtant l’Europe et aussi l’Amérique du Nord sont les continents démocratiques et l’un des outils principaux de la démocratie est le REFERUNDUM n’est-ce-pas ? Ou n’est-il pas destiné aux Kurdes ?

Les Kurdes ont appelé l’ONU à envoyer en Iraq ses observateurs, un appel sans réponse.

Le président du Kurdistan iraquien s’est rendu au Parlement européen à Bruxelles et a demandé l’envoi de leurs délégués pour surveiller le déroulement correct du référendum, appel également resté sans réponse.

Combien de dirigeants soi-disant démocratiques, dans des situations semblables à ce référendum, se sont érigés comme les surveillants mondiaux du déroulement démocratique d’élections ou de référendums ? Les Kurdes le demandent haut et fort et leurs appels restent sans réponse !

Selon l’Europe et l’Amérique du Nord un échantillon d’un peuple comptant 40 millions d’habitants n’a-t-il pas le droit de décider démocratiquement de son futur ? La démocratie est-elle uniquement l’apanage des peuples élus ? Qu’ils ne s’étonnent dès lors pas que certains « non élus » ont l’intention de conquérir bientôt tout le continent des élus !

Malgré cela, même avec le goût amer de la déception vécue avec l’Europe démocratique, les Kurdes organiseront le référendum le 25 septembre et se rappelleront de ceux qui chantaient des louanges à leur courage il y a encore quelques semaines comme ni plus ni moins on chante des louanges à une expérience !

Les Kurdes n’abandonneront pas ni l’instrument démocratique qu’est le référendum ni la démocratie comme telle à cause de la trahison de politiciens de « pays démocratiques » !

L’auteur : Yekta Uzunoglu (14 août 2017 à Prague, République tchèque)