Le Kurdistan syrien aura aussi ses peshmerga – avec le soutien des USA. Il s’agit d’une ouverture, percée historique. Non seulement pour les Kurdes, mais aussi pour la stabilisation de tout le Proche Orient.

 

Un accord d’une grande importance a été conclu entre les principaux représentants du Kurdistan syrien et du Kurdistan irakien et cela malgré leurs relations  compliquées. – Les pesmerga, qui ont été entrainés au Kurdistan irakien vont se battre côte à côte avec les forces du YPG sur le territoire de la Syrie – avec un large soutien américain, aérien et terrestre. Les relations entre le KRG (gouvernement régional du Kurdistan irakien, «  Bashur » et les Kurdes syriens n’étaient jamais simples et cela pour de multiples raisons. La raison principale était la division des Kurdes syriens. Du côté irakien de la frontière, de fait depuis les années 90 au Kurdistan autonome, dominait le KDP (parti démocratique kurde) de l’actuel président Masud Barzani, déjà du fait de la position géographique de sa base. Dans les conditions pénibles de la dictature du régime Baath, fondée sur la suprématie arabe et caractérisée par une répression très dure des minorités non arabes, aucune force unificatrice n’a pu voir le jour. Pour des raisons compréhensibles le KDP –S, affilé à son propre parti était son favoris parmi la myriade des partis syriens.

La situation s’est compliquée en 2011 suite à la révolution syrienne et la guerre civile qui l’a suivie.Les Kurdes syriens ont réussi d’expulser les soldats du régime d’Assad et par la suite divers djihadistes du territoire de » Rojava » – Kurdistan syrien – mais comme  force unificatrice, qui a ssauvé Rojava de la dictature raciste et des djihadistes s’est avéré le PYD (parti de l’unité démocratique), parti quelque part séparé des autres parti kurdes syriens et le plus persécuté par Assad.C’est à dire le parti qui se considère soi-même comme parti frère du PKK (le parti kurde des travailleurs) du Kurdistan turque. Le PKK est considéré officiellement comme organisation terroriste par la Turquie mais aussi les USA et l’union Européenne. La réaction des autres partis kurdes était de s’approcher plus de l’opposition syrienne, qui se trouve sous forte influence de la Turquie, qui est très anti-kurde. Le KDP-S avec les autres partis syriens se trouvant en exil en Turquie et en forte opposition contre le PYD, qui représente actuellement la grande majorité des Kurdes syriens et s’avère le partenaire le  plus viable – en plus il y a actuellement une dépendance existentielle du KRG de la Turquie.

Le Kurdistan irakien se trouve dans une grande crise financière, suite à plusieurs facteurs –les plus important étant :

1) les dépenses militaires dans la guerre contre l’EI, qui est mieux loti en armements

2) la nécessité de nourrir et de pourvoir aux besoins de plus d’un million de réfugiés

3)la dépendance de son économie du pétrole, dont le prix se trouve au minimum record

4) mais avant toutle fait que le gouvernement central de Bagdad tarde à payer et ceci depuis longtemps  les 17% du budget nationaal, comme le prévois la constitution fédérale.La seule possibilité qui reste au gouvernement de Barzani est de vendre son pétrole – contre la volonté de Bagdad – par ses propres voies – et la seule voie possible est la Turquie, dont le KRG devient existentiellement dépendant.La Turquie a pendant longtemps abusé de cette dépendance en construisant des barrières entre les Kurdes irakiens et le PYD, par contre elle soutenait la collaboration du KRG avec « son » opposition kurde en exil, qui est soupçonnée de se trouver sous forte influence turque.De la dite collaboration a surgi le projet des peshmerga du Rojava – une armée de Kurdes syriens, qui ont été entrainés au Kurdistan irakien d’après l’exemple des pesmerga locaux, luttant sous le drapeau du Kurdistan uni sous le commandement de l’opposition kurde en exil dans le cadre des structures révolutionnaires syriennes basées en Turquie. C’est évident, que le PYD a récusé catégoriquement leur entré au territoire du Rojava.

Un grand coup a été porté par les USA – le plus grand partenaire stratégique du KRG comme de la Turquie – à cette situation favorable pour les Turques il y moins d’un an. Quand les djihadistes de l’EI, soutenus inofficiellement par la Turquie, ont failli de conquérir le cœur d’un des 3 cantons du Rojava, la ville de Kobane, les USA ont démarré le bombardement des positions du EI et le soutien aérien direct au YPG.Au moment, où Kobane en lutte a été exposé au blocus turque, les USA livraient même des armes auxcombattants kurdes par voie aérienne. Par ce fait le partenaire le plus important de la Turquie a commencé à soutenir activement et à coordonner la lutte avec les unités du YPG et donc également avec le PYD, que la Turquie considère comme terroriste et qui est affilé au PKK, qui se trouve également sur la liste américaine des organisations terroristes – et ceci contre une entité, l’EI, qui a des intérêts communs avec la Turquie et il existe suffisamment de preuves de leur collaboration.Ce soutient se poursuit couronné de grand succès jusqu’à ce jour, sans que l’affiliation du PYD au PKK dérangerait les USA le moins du monde. Il est donc évident que le PKK n’est plus vu comme organisation terroriste (la mise sur cette liste a été d’ailleurs une faute), ou plutôt qu’elle n’a jamais était vu comme telle, mais dans l’intérêt de « l’alliance » avec la Turquie considérée quand même comme terroriste.

Le seul moment positif dans le cadre de l’hostilité turque face au PYD était la permission de la traversée du territoire turque pour 150 pesmerga qui venaient en aide aux défenseurs de Kobane. Mais ceci uniquement suite à la  pression de la communauté internationale,  les USA y compris, et seulement pour une période limitée et sous conditions –les pesmerga ne devaient  laisser même pas unpistolet sur place. Maintenant la situation a changé radicalement- début août a démarré l’opération « antiterroriste » turque, après quelques bombardements symboliques contre l’EI, la Turquie a commencé à bombarder massivement les unités du PKK (également sur le territoire du KRG), lequel est une des forces principales de la coalition contre l’EI.

La Turquie a montré par là son manque de volonté de lutter contre l’EI aux côtés de la communauté internationale et par contre a démontré clairement  sa  volonté de lutter contre les ennemis de l’EI.

Yekta Uzunoglu et Ondrej Hatas